Bon alors cette very very courte petite fic est une petite chose que j'ai écrite vendredi soir, après la défaite de pti coco... ce tournois monégasque m'a inspiré...En fait c'est quelquechose d'assez personel, et pas vraiment 15A, même si j'ai utilisé le personnage de Sébastien, que j'adore... Voila, j'inaugure mon premier post en tant que Modo
C'est pas très intéressant, il s'y passe rien mdr, et c'est tout petit, mais sa m'a fait du bien de l'écrire...
Renaissance15 30. Il soupira de soulagement, regardant sans vraiment les regarder les 4 balles qu’une jeune ramasseuse de balle venait de lui lancer avec une méticuleuse application.. Il les avait toutes rattrapées, presque automatiquement, et en choisit deux, sans grande préférence ni pour l’une ou pour l’autre. Un geste que chaque joueur fait mécaniquement, après autant de temps passer sur le court…appars les plus superstitieux qui ont encore la tête à philosopher sur le choix de la balle...et il y en a.
Des gouttes aussi lourdes et pesantes que ses peurs, glissèrent le long de ses tempes, le marquant d’un frisson aussi intense qu’éphèmère, et vinrent s’écraser sur la terre battue, presque maltraitée depuis quatre heure et quarante sept minutes de jeu. Il ruisselait. L’intensité était à son comble. Le soleil était accablant. La chaleur ennemie l’enivrait de son parfum trompeur, étouffant, qui provoquait le silence autour de lui, le laissant de plus en plus désemparé, seul face a lui même…et face à l’autre ennemi, loin derrière sa ligne de fond de court. Et cette terre si rouge qui recouvrait ses blanches chaussures, venant même jusqu’à se nicher dans ses chaussettes, comme si elle voulait l’ensevelir, le dominer…il ne se laisserait pas faire. Bien sur qu’elle était la première à le faire tomber, trébucher, souffrir…L’autre là bas, y était aussi pour quelquechose, dans cette exquise torture. Justement, Il se retourna vers cet adversaire plus qu’impatient, et leva les yeux, haut vers le ciel, ce ciel bleu azure qui venait embellir la scène. Une véritable aquarelle. Les gradins étaient remplis, mais un silence pesant et artificiel s’était abattu sur le cours Philippe Chartrier cette après midi la. Les drapeaux étaient devenus immobiles dans les rangs, les bouches muettes, plus personne n’osait bouger. Plus disciplinés qu’a l’armé, les spectateurs attendaient que le sergent réponde à l’amiral, au grand colonel qui ne lâcherait rien. Il le savait. Il esquissa un faible sourire, se mémorant son parcours portes d’Auteuil. Il en avait eu de la chance. C’était son rêve d’être ici, de gravir les échelons qui mènerait à la gloire. A Sa gloire. Mais ce n’était peut être pas son jour, pensa t’il après avoir loupé son premier service. Elle avait heurté le bas du filet, et s’y était bloquée, comme figée. Oh oui, il aurait aimé figé cet instant. Pouvoir profiter sempiternellement de cette si rare quiétude, et de la beauté du paysage. De la beauté du jeu. Malheureusement un petit ramasseur de balle galopant comme un petit lapin vint débloquer la balle échouée, et s’éloigna du filet, trop rapidement à ses yeux. Tout ce qu’il avait fait durant cette incroyable quinzaine lui revint alors en mémoire. Il n’avait pas hésiter a sortir ses plus beaux trésors tennistiques, ceux qui valent plus que de l’or, ce qui n’ont même pas de prix. Les applaudissements, les encouragements raisonnaient dans sa tête. Il n’était jamais seul dans des moments comme celui çi, et il le savait bien. Son clan était la et ne le laisserai jamais tomber, quelque soit le résultat aujourd’hui. Ses proches, ses moins proches, les cœurs qu’il faisait chavirer partout autour du monde, sans même sans douter une seconde…Les âmes qu’il soignait en gagnant, l’espoir dont il se servait pour remplir les yeux de ces fans, d’une lueur argentée qui les habiterait à jamais. Pouvoir être la source de tous ces sentiments inestimables lui donnait confiance. Il pensa aussi aux joueurs qu’il avait battu, à leurs sourires échangés hors courts, aux regards partagés avec ceux qu’il avait croisé sur la terrasse de l’hôtel, à la sortie d’une conférence de presse, ou en attendant l’ascenseur…Ces petits mots échangés en anglais, en français, en espagnol, en italien ou en allemand, qui universalisent le sport et l’intensifie…Oui, il aimait son métier. Être tennisman, çela signifiait bien plus que de courir après une petite baballe sur un grand terrain quadrillé, et la renvoyé a tous prix de l’autre coté du filet. Non. C’était se défier sois même a chaque match, toujours se remettre en question… C’était faire des rencontres constructives, apprendre le respect, la crainte, la domination, la peur…Etre tennismen, c’ est être a la meilleure école de la vie. Et dans la vie, il faut savoir perdre. Sébastien n’en pouvait plus. Si près du but, mais si fatigué. Ses crampes, ses courbatures, ses cloques aux mains l’arrachaient à la victoire, l’envolaient loin de son rêve à lui. Car dans la vie, on tombe sur des plus forts que soi, et ça, on n’y peut rien changer. Et il savait très bien que son adversaire était, en plus d’être un excellent terrien, un joueur appars sur le circuit.
D’ailleurs, on n’appelait pas ce prince de la terre battue
El Mago pour rien. En 2004, Sa défaite a Roland Garros l’avait profondément blessé, et avait transformé sa façon de jouer. Non dépourvu de son talent, juste de sa confiance, Le mini Carlos Moya, comme on l’appelait à ses débuts, parvenait tout de même à éblouir grâce a son exceptionnelle technique et stratégie. Oui, cette défaite sera surement le plus gros point noir de sa carrière. Perte de confiance, perte de son jeu, elle l’avait plongée dans une déprime sans précédent. Mais en apparence, il ne semblait pas si atteint que ça. Grâce a son tempérament argentin corsé, et a la flamme qui brille en lui depuis qu’il a une raquette dans la main, ce joueur s’accrocha. Il allait combattre ses mauvais démons. Meilleur jeu de jambes du circuit, plus mauvais caractère pour certain peut être aussi, mais certainement le plus accrocheur, le plus passionné, un Socrate qui ne jure que par une philosophie : tant que la balle de match n’est pas réussie par l’adversaire, toujours se battre. Ne jamais laisser tomber. Théorie que chaque joueur essaient d’appliquer…Mais chez l’Argentin, elle est devenue une marque de fabrique, qu'il ne se lasse pas d'appliquer, en plus des amorties volées que beaucoup peinent a rattraper…souvent trop tard. Le retournement de match, aussi catastrophiquement qu’il puisse se dérouler, fait donc à présent parti des particularités de l’argentin. Atout considérable pour la confiance, et elle ne pouvait que revenir a grand pas.
Aujourd’hui, il était là, devant lui, et ne lâchait rien. Il ne semblait même pas fatigué, toujours aux aguets derrière ses petits yeux malicieux, son sourire discret qui sous entendait beaucoup de choses. Concentré, il l’était, mais ce n’était pas pour autant qu’il ne faisait pas le pitre. Contester les points, il adore. Sébastien en avait fait les frais. Mais le sourire sur les lèvres de l’arbitre et des spectateurs, après quelques propos blagueurs de Guillermo lui faisaient bien vite oublier ce petit, voir gros défaut. Toujours a saluer son public a chaque point « magiquement » touchés, à s’encourager à coup de « vamos » rugissants, et la grande capacité à se faire la conversation tout seul comme un petit enfant perdu qui voudrait se rassurer... Ce joueur là était un cas unique, un animal sauvage plein de contrariété et pourtant si présent, comme si un instinct de survie lui dicter chacun de ses actes. Non, Il n’avait pas d’équivalent sur le circuit. Pour Sébastien, c’était un honneur de le défier, et d’avoir tenue la cadence presque cinq heure maintenant contre ce fatigueur inépuisable. Mais cette course allait cesser, les crampes de Sébastien ne faisaient que lui rapeler.
Ligne extérieur. Un coup intouchable. 15 40. Deux balles de matchs. Une balle en poche, l’autre dans la main gauche, il allait se battre jusqu'au bout. Apres tout, il devait s’inspirer de la grande résistance de son adversaire, lui aussi pouvait donner tout ce qu’il avait sur chaque point. Peut être pas tout physiquement parlant, mais tout ce qu’il avait sur le cœur… Et cela lui ferait gagner le match sans hésitation si l’envie rentrait en compte… Mais Guillermo Coria en avait aussi gros sur le cœur… envie de renaitre, d'oublier ce drame qu'il trainait dans son sac de sport depuis plusieurs années: la coupe des mousquetaire effleurée du regard, et rien d'autre. Frustration, alors qu'il était le numéro un sur terre battue. Envie de taire une blessure qui saignait toujours.
La première balle de Sébastien a 180km/heure avait été rattrapée avec une incroyable justesse par l’argentin, qui voulait en finir. L’échange dura plus d’une minute… Il aurait surement duré plus si la bande du filet n’avait pas choisi son camp. Elle stoppa un coup droit de Sébastien, dans lequel il avait mis toutes ces forces. Lorsqu’il vit la balle stopper, sa raquette s’effondra dans la terre battue, comme son rêve.
Mais à cet instant, le spectacle était si intense et si beau que sa défaite lui parut plus douce. Un public déchaîné sous un transcendant soleil parisien, un rêve reconquéri pour un miraculé argentin. C’est ça le sport après tout. Un gagnant, un perdant. Mais au prix de quel combat, de quelles sensations partagées… que du bonheur. Un soupçon d’amertume, mais du bonheur quand même.
Fier d’avoir tenu aussi longtemps face au redoutable magicien argentin, depuis plus d’une seconde aux anges, Sébastien souria, et s’avança vers le filet. Il n’avait pas su trouver les maux pour dominer Coria, ni les mots pour l’apprivoiser d’ailleurs…personne ne peut.
Il n’avait pas réussi non plus à lui voler son rêve, une seconde fois. Sébastien s’en doutait bien. Guillermo Coria ne se laisserait pas si facilement faire.
Personne ne pourrait jamais lui enlever ses rêves.