Bon vous allez vous dire que j'écris beaucoup en ce moment, mais en fait c'est surtout que je retrouve des fics en rangeant mes fichiers. Donc voilà, je viens de retrouver celle-ci, une petite one-shot relativement courte, mais je la poste quand même, au cas où ça intéresserait quelqu'un lol. D'ailleurs j'vous préviens que je viens de retrouver une autre fic déjà bien entamée, donc il est possible qu'il y ai encore un nouveau sujet ouvert par moi sous peu Mais je voudrai pas me lancer dans trop de projets en meme temps Seule, rapide et discrète, elle tomba. Elle avait d’abord glissé et lentement s’était écrasée sur le sol. Provenant de l’immensité azure, elle s’était échappée et avait fini sa course dans la poussière, disparaissant aussitôt dans les profondeurs de la terre. Cette larme, la seule qui avait franchi la barrière de ses paupières était bien plus qu’un symbole, c’était une fin, une conclusion. Tout était fini, l’histoire avait eu son épilogue, la dernière page avait été tournée et le livre fermé. Son cœur tant de fois meurtri venait de se briser à nouveau, sans guérison possible. Il semblait ne plus vouloir la porter, la faire vivre. Il battait faiblement dans sa poitrine, dernière trace de vie dans ce corps froid et inerte. Ce n’était pas la mort, mais ça y ressemblait, tant la douleur était forte et tant la délivrance suprême était attendue. Le chemin vers un monde meilleur lui semblait la seule issue, puisque aucune lumière ne voudrait plus jamais briller pour elle ici. Avec lui, l’espoir était parti, les dernières fibres de joie s’étaient envolées. Il était la lumière de son âme, son énergie, son élixir de vie…mais il était parti. Ses paroles, telles des lames l’avaient transpercées, créant des vides dans son cœur, dans son âme et dans son esprit.
Les cahots de la route le tiraient de la torpeur dans laquelle il s’était enfoncé. Le paysage défilait tel un film muet, mais dont les couleurs avaient été retirées pour le rendre plus sombre. Car tout lui semblait terne à présent. Cette déchirure au fond de lui-même l’empêchait de voir quelque lumière que ce soit. Il avait laissé son cœur et son âme à l’endroit qu’il venait de quitter. Il n’arrivait pas à se convaincre que toute douleur aller s’atténuer pour laisser place à l’oubli. Comment allait-il pouvoir oublier, après tout ce qui s’était passé ? Ils avaient parcouru tant de chemin ensemble, battu tant de routes, vu tant de choses, elle était une partie de lui, la meilleure partie, mais la plus douloureuse aussi. Avant de la connaître, sa vie était facile, il ne se posait pas de questions, il se contentait d’avancer, de franchir les obstacles et de se construire peu à peu. Puis elle s’était présentée sur sa route, elle lui avait servi de béquille dans les moments difficiles comme lui l’avait soutenu dans ses épreuves. Les débuts avaient été difficiles, elle était partagée, déchirée, puis elle avait fait son choix.
Un rayon de soleil la frappa en plein visage. La chaleur l’envahit, elle aurait pu sentir le sang couler dans ses veines tellement la vie semblait s’insinuer en elle avec force. Elle entrouvrit les yeux et fut aveuglée par la lumière puissante et pure du soleil. Elle tourna son visage pour se libérer de cette brûlante emprise, la douleur de l’immobilité prolongée la saisit avec violence. Elle massa sa nuque endolorie et se redressa. C’était bien les premiers rayons qui l’avaient surprise. Le temps s’était écoulé depuis son départ, il devait être loin maintenant. Elle se sentait seule et vide, mais son esprit semblait avoir été nettoyé et éclairci par la fraîcheur de la nuit qu’elle avait passée dehors. Elle s’assit et posa ses pieds à terre. Elle fut soudain prise d’un vertige, marquant son retour à la réalité. Les mots qu’il avait prononcés lui revinrent en mémoire. Elle se souvenait des « jamais », des « fini » et surtout du « partir ». Car c’est ce qu’il avait fait, il était parti, il l’avait quitté, mais pour se protéger. Elle lui avait fait tellement de mal, pas volontairement bien sûr, mais elle l’avait vraiment fait souffrir.
Il sortit son portable de sa poche, s’attendant à y voir affiché un signe d’elle. Mais rien, seulement l’heure, témoin du temps qui s’était écoulé depuis leur séparation. Bien sûr, c’est lui qui avait décidé d’en finir, mais il ne pouvait plus supporter cette situation. Elle l’aimait, mais son esprit était toujours occupé ailleurs, et plus que son esprit, son cœur était encore indécis. Il avait fait semblant d’accepter, de se résigner, mais c’était trop pour lui. Sous ses airs indifférents se cachaient une jalousie maladive et surtout l’envie compréhensible qu’elle lui appartienne totalement. Il ne pouvait accepter qu’elle pense à un autre quand elle était avec lui, qu’elle compare ce qu’elle aurait pu vivre avec ce qu’elle vivait. Oh bien sûr elle lui avait affirmé le contraire, mais il savait lire entre les lignes, et elle, elle ne savait pas mentir. Il ne pouvait pas leur imaginer un avenir commun tant qu’elle n’aurait pas réellement fait son choix, pour peu qu’elle le fasse un jour.
Mue par un désir certain de se ressaisir, elle se leva et fit quelques pas. On dit que la nuit porte conseil et cette nuit lui avait réellement éclairci les idées. Comment avait-elle pu seulement douter ? Comment avait-elle pu seulement le laisser s’en aller ? Elle avait besoin de lui, elle ne pouvait pas vivre sans lui. C’est seulement quand un être n’est plus là qu’on se rend compte à quel point on tient à lui, et c’est vraiment ce qu’elle vivait à présent. Bien sûr, ses souvenirs avec Squib étaient forts, elle ne pouvait pas les renier, ils faisaient partie d’elle, mais ce n’était pas suffisant. Elle n’avait jamais ressenti cette douleur, ce manque. Si son esprit était encore perdu, son cœur lui, avait fait son choix. C’est Nate qu’elle voulait, c’est lui dont elle avait besoin plus que tout, lui dont la présence s’atténuait peu à peu, au fur et à mesure que la distance qui les séparait s’agrandissait.
Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à faire ça. Il s’était réveillé en sursaut dans le bus, réalisant ce qu’il était en train de faire. Pourquoi était-il parti ? Pourquoi l’avait-il abandonnée ? Il avait saisi son sac et était descendu au premier arrêt que le bus avait croisé. Il se trouvait à environ 1200 kilomètres d’elle, comment avait-il réussi à s’éloigner autant ? A présent, il était comme attiré par un aimant qui le ramenait vers elle. Il fallait qu’il revienne. Il fallait qu’il la voie, qu’il l’entende, qu’il la touche. Il avait besoin de sa chaleur, de son sourire, de sa joie de vivre. Il pourrait surmonter sa jalousie, son désir de possession, tout ça pour elle, pourvu qu’elle soit avec lui, pourvu qu’elle l’aime. Il était peut être en train de commettre la plus grosse erreur de sa vie, mais il s’en fichait. Il s’en fichait de souffrir, car il savait qu’être auprès d’elle ferait disparaître toutes les douleurs.
Elle tournait en rond dans sa chambre, ne sachant pas par où commencer. Elle voulait l’appeler, mais elle n’osait pas. Comment allait-il réagir. Il était parti pour s’éloigner, elle ne pouvait pas lui demander de revenir, alors qu’elle n’avait pas su trouver les mots pour le retenir. D’ailleurs, pourrait-il seulement croire qu’elle s’était enfin décidée ? Il l’avait tant de fois suppliée de faire son choix, de lui dire le fond de sa pensée, elle n’y était jamais parvenue. Comment pourrait-il croire qu’en l’espace de quelques heures, elle avait réussi à mettre de l’ordre dans ses idées, à donner un sens à sa vie, à leurs vies ? Quinze fois elle avait composé son numéro et quinze fois elle l’avait effacé. Elle ne supporterai pas d’entendre le ton froid et tranchant avec lequel il lui avait dit adieu, et encore moins qu’il ne réponde pas. Elle s’effondra le long du mur, ne sachant pas quoi faire. Les doutes bourdonnaient dans sa tête comme des centaines d’abeilles. Elle releva les yeux et croisa le regard de Nate, statique et souriant. Malheureusement, ce regard n’était que de papier, une simple photo accrochée à l’arrière de sa porte. Que n’aurait-elle pas donné pour revoir ce visage en chair et en os, ce sourire. Mais l’image fût bien vite effacée par le souvenir du regard dur et souffrant qu’il lui a avait jeté avant son départ. Ce regard, bien pire que des mots, lui avait permis de mesurer l’ampleur de la peine qu’il ressentait. Elle ne voulait plus jamais voir ce regard, elle voulait revoir les yeux noisette agrémentés de cette petite lueur joyeuse et ironique qui l’avait toujours fait fondre. Si seulement elle pouvait revoir ce regard…
Il avait l’impression de revivre sa vie en marche arrière. Il revoyait les mêmes routes, les mêmes maisons qu’il avait croisé quelques heures auparavant. Mais la sensation n’était plus la même. Un espoir nouveau avait envahi son cœur, une lumière qui le ramenait vers elle. Comment avait-il seulement pu imaginer qu’il pouvait partir. Trop de choses le retenaient là-bas, trop de souvenirs. Il comptait les heures qui le séparaient de son retour, il préparait ses phrases, ce qu’il lui dirait pour lui expliquer… Mais expliquer quoi ? Tant de questions lui trottaient dans la tête, sans réponses. Mais peut être était-ce ça l’amour, une succession de questions et de doutes jamais résolus, il lui fallait vivre avec. Plus il se rapprochait d’elle, plus la déchirure semblait se refermer, mais pourtant, rien n’était sûr. Il avait été si dur avec elle, il lui avait dit tant de choses qui l’avaient certainement blessée, il n’était pas sûr que le retour en arrière soit possible. Tant pis, il ferait de son mieux, ils prendraient tous les deux un nouveau départ, oubliés les peines, les angoisses, la jalousie et les doutes.
La journée avait défilé pour elle au ralenti. Elle ne gardait que quelques bribes de souvenirs du jour qui s’était écoulé. Assise sur un banc du court désaffecté, elle se retrouvait là où tout avait commencé et où tout s’était fini. Elle entendait encore les mots de son père lui disant de laisser du temps au temps… Mais le temps ne semblait plus vouloir avancer pour elle. Elle était comme paralysée par son manque, chaque centimètre carré de son corps n’était que douleur, la douleur de l’absence. Elle s’était laissé convaincre de ne pas agir, de laisser la douleur s’effacer, mais s’effacerait-elle jamais ? Elle s’allongea sur le banc, plongeant son regard dans l’immensité du ciel, se sentant seule dans l’univers. Le vent balayait les feuilles mortes qui tournoyaient dans un bruit de papier froissé, seul son au milieu de ce puit de silence. Elle se sent tournoyer avec les feuilles, elle voudrait s’envoler, se sentir légère, mais un poids invisible l’écrase et la retient sur le bois rugueux du banc sur lequel elle est allongée.
Il s’avance derrière les arbres. Ca y’est, il la voit. Elle semble harassée, allongée sur le banc, les yeux fermés. Il marche dans l’herbe afin de ne pas lui signaler sa présence, désireux de s’offrir encore quelques instants de répit. Il s’approche et l’observe, elle semble si triste, si seule. Elle porte l’un de ses pulls, celui qu’il lui avait donné lors de leur première soirée ensemble, alors qu’elle avait froid. Soudain, comme si elle avait senti sa présence, elle ouvre les yeux. Mais il se trouve derrière elle, elle ne peut pas la voir. Pourtant, elle se redresse lentement et comme elle tourne un peu la tête, d’un coup leurs regards se croisent. Elle n’affiche aucune surprise, elle a reçu la réponse à ses prières. Il est là, il est revenu, pour elle. Ni colère, ni haine ne transpercent ses pupilles, il est là, tout simplement. Il s’approche d’elle, elle s’assoit, ne le quittant pas des yeux. Il lui tend sa main, la paume vers le ciel. Elle regarde tour à tour sa main et ses yeux, n’osant croire qu’il est réellement là. Elle l’appelle, mais il lui fait signe de ne pas parler en posant son doigt sur ses lèvres. Ils n’ont pas besoin de mots pour se comprendre. Elle lui prend la main et il l’aide à se relever. Lentement, elle vient se blottir contre lui. Elle sent sa chaleur l’envahir, c’est bien la réalité…
THE END